Le surf est-il écolo ?

Le surf est-il écolo ?

Chez Ankore, le surf fait partie de notre ADN. C'est la pratique du surf qui nous a donné envie de créer la marque. Aux premières loges pour voir la beauté des éléments, nous assistons également aux modifications que subit notre écosystème. En côtoyant la nature d'aussi prêt (dans quelle autre situation les mouettes se poseraient-elles à 3 mètres de vous ?) on se rend compte de sa fragilité. Et on veut plus que tout la protéger.

Pourtant, la pratique du surf n'est pas sans conséquences. Comme toute activité humaine ou presque, cette activité affecte en partie l'environnement qui l'entoure. Mais à quel point ? C'est l'objet de cet article.

Le surf, une belle manière de s'éveiller à la cause environnementale

On l'a dit, le surf est un sport qui ne laisse pas indifférent. Au-delà du plaisir que procure la pratique, la proximité avec l'environnement marin tient une grande part dans l'expérience qu'est le surf.

Sur un plan purement sportif, le surf est souvent considéré comme une pratique frustrante par les pratiquants eux-mêmes. Dans les sports collectifs, il suffit d'un équipement, d'un terrain et de coéquipiers pour s'amuser. Au tennis, il me suffit de ma raquette, de balles, d'un partenaire et d'un terrain de tennis pour jouer. Et c'est vrai pour le football, le rugby, et tous la majorité des sports collectifs. Dans les sports individuels, c'est encore plus simple. Pour faire du vtt, je prends mon vélo et je vais rouler pour peu que j'ai un peu de nature autour de chez moi. Si je fais du vélo de route, n'importe quelle route pas trop peuplée fera l'affaire.

Le surf, c'est une autre paire de manches. D'une part, il faut habiter pas trop loin d'un spot. Et contrairement à ce que pourraient penser les profanes, une faible part du littoral est surfable de manière régulière.

Il faut une quantité de plusieurs facteurs pour un spot de surf. La zone doit être préférablement en océan ouvert, c'est à dire que rien ne doit venir casser la houle venant du large. C'est notamment la raison pour laquelle le Golfe du Morbihan n'est pas surfable. Quiberon, qui possède d'ailleurs de superbes spots de surf (pas un secret spot donc on peut en parler), vient arrêter la houle et forme une sorte de digue protégeant le Golfe du Morbihan. Plus bas, c'est Belle-Île qui vient casser la houle venant du large et prive de vagues jusqu'à Pornichet et Saint-Brévin, premiers spots de surf (bien qu'assez peu consistants) depuis Quiberon. Il faut également une topographie des fonds marins qui soit propice aux vagues. Des bancs de sables ou un fond rocheux ou coralien qui vient freiner la houle près du rivage et créer la vague.

Un beachbreak à Hossegor

Un beachbreak à Hossegor

Et même quand ces premiers facteurs de base sont présents, ce qui est assez rare, un spot de surf moyen ne délivrera de vagues de qualité (le fameux swell) qu'environ 1/3 de l'année et encore. Et là ça va dépendre des conditions météorologiques du jour. Puissance et orientation du vent, puissance et orientation de la houle, période des vagues (durée entre deux oscillations).

Bref, il est très difficile voire impossible de prédire qu'un spot sera surfable dans 8 jours par exemple. Tout peut changer très vite.

Voilà pourquoi le surf est un sport frustrant. Heureusement, il y a bien d'autres choses qu'apporte cette pratique. Même en cas de conditions moyennes on peut y trouver du plaisir autrement. Et c'est là que le surf est magique finalement. La pratique en elle-même ne constitue qu'une partie du surf. Le simple fait d'attendre la vague, d'être assis sur sa planche et de pouvoir contempler l'horizon, avec les oscillations régulières de la houle, est un plaisir en soi.

C'est sur une planche de surf que j'ai pu assister aux plus beaux levers et aux plus beaux couchers de soleil (mention spéciale aux sunset sessions, les meilleures). C'est dans l'océan que le ciel se pare des plus belles couleurs.

C'est également dans l'océan qu'on peut être au plus près de la vie sauvage. En Australie, il n'est pas rare que certains dauphins viennent littéralement partager quelques vagues avec les surfeurs. En Bretagne, les phoques et quelques requins pèlerins viennent parfois se montrer pour notre plus grand plaisir.

Côtoyer ainsi les éléments qui constituent cet écosystème merveilleux fait aussi réfléchir. À chaque fin d'été, les premières grandes marées charrient leur lot de plastique venant du large. On peut voir d'années en années que la quantité de déchets augmente, que la pollution vient gâcher le littoral et la nature en général.

En cela, le surf est une formidable manière de s'éveiller à la cause environnementale.

L'impact environnemental du surf

Mais paradoxalement, le surf participe également à la pollution de cet écosystème à plusieurs égards. On peut isoler plusieurs causes de pollution.

L'impact écologique du néoprène

Combinaison de surf Patagonia en caoutchouc naturel

Le néoprène est un problème majeur pour le surf et également pour la majorité des pratiques nautiques. Kitesurf, planche à voile, plongée sous-marine, natation en pleine mer, paddle, longe-côte, etc.

  • Pour la petite histoire, le néoprène fut créé en 1931 par la compagnie Du Pont de Nemours. C'est le premier caoutchouc synthétique créé en réponse à l'augmentation des prix du caoutchouc naturel.
  • Et en 1952, c'est l'américain Jack O'Neill (créateur de la marque de surfwear O'Neill) qui inventa les premières combinaisons nautiques avec du néoprène. Avant cela, les rares courageux utilisaient des pulls en laine qu'ils imprégnaient d'huile pour surfer en hiver à San Francisco notamment. Une autre époque !

Le néoprène, flexible, léger et résistant, va être une véritable révolution technologique dans le monde du surf notamment. Surfeurs, nageurs, windsurfeurs, kitesurfeurs et plongeurs, toutes ces activités nécessitent des combinaisons néoprène dès que l'eau descend sous les 20 degrés. C'est le néoprène qui nous permet aujourd'hui de surfer par tous les temps.

Mais le néoprène a un gros inconvénient : son impact écologique loin d'être négligeable.

Une fabrication polluante

Les néoprènes classiques sont fabriqués à partir de polychloroprène (un polymère du chloroprène). C'est un caoutchouc synthétique fabriqué à partir de matières premières polluantes comme le pétrole et le calcaire. Comme tout dérivé du pétrole, il entraîne beaucoup d'émissions de CO2 pour être fabriqué. Et il est fortement suspecté d'être cancérigène pour ceux qui le fabriquent (voire pour ceux qui en portent).

Pour aller plus loin sur le caoutchouc synthétique, nous avons écrit un article à ce sujet ici.

Le problème des micro particules

Autre problème de taille : les microparticules. Les combinaisons de surf ont vocation à aller tremper dans l'océan. Or avec le temps, toute matière se dégrade et relâche des petites particules. Avec le néoprène classique, ce sont des microparticules de caoutchouc synthétique et donc de dérivés pétrolifères qui vont se mélanger dans l'océan.

Une pollution invisible à l'œil nu mais bien présente et dont l'impact réel ne sera sans doute réellement compris que dans plusieurs années. En attendant, il est aisé de comprendre que des particules de pétrole flottant dans l'océan ne seront jamais une bonne chose.

Le surf en milieu polaire

Les alternatives écologiques au néoprène traditionnel

Heureusement, depuis plusieurs années, de nouvelles formes de néoprène plus respectueux de l'environnement se développent.

  • On peut notamment citer les combinaisons en caoutchouc naturel de la marque Patagonia. Cette marque américaine est la première a avoir créé des combinaisons de surf plus écologiques. Au lieu d'utiliser du caoutchouc synthétique (à base de pétrole), la marque utilise du caoutchouc naturel. Fabriqué à partir de lait d'hévéa et de canne à sucre, ce type de néoprène permet de réduire de 70% les émissions de CO2 par rapport à du néoprène classique.

Si vous voulez aller plus loin sur la fabrication du caoutchouc naturel, on a écrit un article à se sujet ici.

  • On peut également citer la marque française Soöruz basée à La Rochelle, qui a inventé un néoprène à base de coquilles d'huîtres. En réalité, c'est un mélange de néoprène classique (à base de pétrole donc) et de poudre d'huîtres qui est réellement utilisé. À l'arrivée, moins de pétrole mais il y en a quand même.

Les marques de surf historiques créent également leurs versions écologiques de la combinaison de surf. Rip Curl et O'Neill proposent des néoprènes à partir de matières biosourcées. Un seul hic : les combinaisons biosourcées seraient techniquement moins performantes (moins souples et moins chaudes) et plus onéreuses. Un surcoût "entre 10 et 15%" par rapport à un néoprène classique.

Selon les experts du secteur, dans 5 à 10 ans, toutes les combinaisons de surf seront biosourcées. Grâce à l'économie d'échelle, ces technologies encore minoritaires aujourd'hui vont évoluer pour atteindre le niveau technologique et tarifaire du néoprène classique. Une évolution souhaitable pour régler l'un des principaux problèmes écologiques du surf.

Le recyclage et la réparation du néoprène

Au-delà des innovations, c'est la manière de consommer qui permettra de réduire l'impact du néoprène.

Au lieu de jeter sa combinaison abîmée, on peut la réparer. Les marques proposent désormais des ateliers réparation pour prolonger la durée de vie des combinaisons de surf. Patagonia, Décathlon et Rip Curl proposent notamment de réparer les combinaisons endommagées. Rip Curl avance le chiffre de 4000 combinaisons réparées en Europe chaque année.

Le recyclage du néoprène est une autre piste à travailler. S'il est compliqué de recycler la matière en nouvelle combinaison, des marques proposent des accessoires fabriqués à partir de vieilles combinaisons de surf. Des housses d'ordinateur, des portefeuilles et d'autres petits objets conçus avec des empiècements de néoprène upcyclé.

L'impact écologique des planches de surf

Malheureusement, le néoprène n'est pas le seul facteur polluant du surf. La fabrication des planches de surf pose également des problèmes environnementaux.

L'élément central de la planche de surf est son pain de mousse. C'est un peu son noyau, son cœur. Le pain de mousse (ou foam en anglais), est composé d'un pain de mousse en polyuréthane ou en polystyrène. Les pains de mousse en polystyrène sont construits autour d'une latte en bois pour apporter à la board plus de rigidité. Rien que ce pain de mousse représente environ 26% de l'impact environnemental de la planche de surf. S'ajoute à cela le fait que les parties découpées du pain de mousse sont jetées et pas ou peu réutilisées. De plus, les éléments qui constituent le pain de mousse sont des composés chimiques cancérigènes. C'est la raison pour laquelle la plupart des shapers (les professionnels qui fabriquent les planches de surf) ont des masques de protection quand ils poncent les pains de mousse.

Le shaper de surf breton Marc Billon

Un excellent shaper de surf : Marc Billon à Plouharnel (56)

  1. Le pain de mousse est ensuite entouré de fibres de verre. Heureusement, la fibre de verre a un impact environnemental relativement réduit. Même si d'autres alternatives plus écologiques existent comme la fibre de lin.
  2. Le pain de mousse entouré de fibres de verre est enfin enduit de résine. De la résine polyester ou epoxy selon le type de planche. Si les deux résines polluent lors de leur fabrication, c'est la résine polyester qui pollue le plus.
  3. Au total, une planche de surf a un impact environnemental relativement important. Il faut compter environ 270 kilogrammes de CO2 pour une planche de surf de 6'0 (1 mètre 83). À titre de comparaison, un ordinateur portable a une empreinte carbone de 320kg de CO2.

Une empreinte carbone loin d'être négligeable, surtout quand on prend en compte le fait qu'un surfeur expérimenté possède plusieurs planches dans son quiver. Au moins une planche typée vague puissante (un shortboard à faible litrage) et une planche pour petites vagues (un fish un peu plus volumineux par exemple). Mais cela peut aller beaucoup plus loin, certains surfeurs possédant des dizaines de planches.

Les alternatives écologiques

Les planches de surf Notox en fibre de lin et liège

Les planches de surf Notox en fibre de lin et liège

Mais comme pour les combinaisons néoprènes, il existe des alternatives durables dans la fabrication de planches de surf. À ce titre, on peut citer l'entreprise basque Notox qui fabrique actuellement ce qui se fait de mieux en terme de boards écoresponsables.

Déjà, leurs planches sont fabriquées au Pays Basque à Anglet (64). C'est extrêmement rare dans une industrie où la majorité des planches de série sont fabriquées en Asie (comme les combinaisons en néoprène). Les planches de surf Notox sont shapées à la main. Mais c'est surtout leurs méthodes de fabrication qui change la donne.

Toutes leurs chutes de pain de mousse en PSE ou polystyrène expansé sont donnés à une entreprise qui réutilise ces chutes. Le taux de recyclabilité atteint les 100% grâce à cela. Ensuite, au lieu de la fibre de verre, l'entreprise utilise de la fibre de lin, dont la culture n'épuise pas les sols, nécessite peu d'eau et peu d'engrais. En plus, la fibre de lin est plus légère que la fibre de verre. Un gain de poids non négligeable pour le surf de compétition. Et pour prouver qu'écoresponsabilité peut rimer avec performance, l'entreprise Basque commence à équiper des sauveteurs en mer et des professionnels de surf en planches Notox.

La wax et les pads antidérapants

Pour que la planche adhère aux pieds du surfeur, il faut appliquer de la wax, un petit pain de couleur le plus souvent composé de paraffine. Or la paraffine, c'est du pétrole !

Le problème, c'est que la wax étalée sur les planches de surf se dégrade en continu et fini forcément dans l'océan. Chaque année, ce sont des milliers de tonne de paraffine qui finissent dans l'océan.

Là encore, des alternatives écologiques existent. On peut notamment citer Greenfix, une wax composée entièrement de composés naturels (cires, huiles végétales et colophane) et 100% biodégradable. En tant que surfeur, ça devrait être une obligation d'utiliser de la wax biodégradable. On peut également citer la marque Bio-wax faite à partir de cire d'abeille et de résine de pins des Landes. Deux produits qui gardent les propriétés techniques des wax classiques, la pollution en moins. Et cerise sur le gâteau, ces deux entreprises sont françaises.

Autre possibilité : opter pour des traction pads. Ce sont des empiècements à coller sur la planche de surf pour remplacer la wax. Finie la corvée d'étalage de wax avant chaque session. Vous posez une fois pour toutes le traction pad et c'est fini !

Bien sûr, la majorité des traction pads sont en plastique, mais il existe également des traction pads en liège par exemple. On peut notamment citer l'entreprise bordelaise Nomads Surfing qui propose des pads en liège. Ils fabriquent également des dérives en plastique recyclé à partir de plastique repêché en mer.

La pollution océanique des crèmes solaires

L'été, le soleil peut être fatal au surfeur. Cumulé à la réverbération sur l'eau, de la crème solaire peut être utile. Or la majorité des crèmes solaires contiennent des produits chimiques néfastes pour l'océan et en particulier pour les coraux. Là encore, des alternatives écologiques existent. On peut citer la marque Laboratoires de Biarritz qui fabrique des crèmes solaires éco compatibles.

L'impact écologique des vagues artificielles

S'il y a bien un sujet qui divise au sein de la communauté surf ces dernières années, c'est bien celui des piscines à vagues. D'un côté, une grande partie (dont nous faisons partie) considère que les piscines à vagues sont une aberration écologique. De l'autre, souvent des néo surfeurs qui ne comprennent pas l'essence du surf et ne jurent que par le divertissement avant l'environnement.

Utiliser des gigawatts d'électricité pour reproduire ce que la nature parvient à faire naturellement, pour divertir une partie infime de la population, nous semble complètement inconcevable en 2022. Pourtant, les piscines à vagues se multiplient.

Le surf ranch de Kelly Slater en Californie

La piscine à vague de Kelly Slater en Californie, à 160km de l'océan

On peut citer le fameux Surf Ranch du multiple champion du monde de surf Kelly Slater. Honnêtement, on adore le sportif alors ça nous fait d'autant plus mal qu'il soit l'une des figures de proue des piscines à vague. En Europe, l'entreprise Wavegarden a créé une piscine à vague au Royaume-Uni et compte en ouvrir d'autres. En France, plusieurs initiatives sont pour le moment tenues en échec par des associations environnementales. On espère que la lutte continuera pour combattre ces usines à surf.

L'impact environnemental du transport

L'un des autres gros postes de pollution du surf réside dans le transport.

Pour aller surfer, à moins d'habiter en face du spot, la plupart des surfeurs doivent prendre la voiture. À la clé, des dizaines voire des centaines de kilomètres pour rallier le spot de surf le plus proche. Pour diminuer l'empreinte carbone de ces allers-retours, des groupes Facebook existent pour faire du covoiturage surf. L'occasion de se faire des amis et de partager les frais de trajet en prime !

Mais le plus gros problème lié au transport est la démocratisation du surf trip. Le fait de voyager uniquement pour surfer. Plutôt que d'aller se geler en France, de plus en plus de personnes prennent l'avion pour aller surfer une ou deux semaines.

Les mauvais exemples sont faciles à détecter : ce sont les pro surfeurs qui partagent toute l'année des clichés de leur vie passée autour du Globe. Un mode de vie que beaucoup souhaitent copier, et c'est toujours la planète qui trinque. Et avec les vols low cost, ça devient accessible à tout le monde, tout le temps.

Exemple : un vol A-R pour le Costa Rica, l'une des destinations surf les plus prisées depuis des années. L'aller-retour, d'environ 18 000 kilomètres, reviendra à 3 500 kilogrammes de CO2. Un chiffre affolant qui parle de lui-même.

Conclusion : le surfeur peut être écolo mais cela a un prix

Nous l'avons démontré, aujourd'hui, il existe des alternatives pour tous les domaines où le surf pollue. Que ça soit pour les combinaisons néoprène, les planches de surf, la wax ou le transport, nous avons la possibilité de pratiquer notre passion de manière responsable et durable.

Bien sûr, ça implique de consommer différemment. Les produits écoresponsables sont plus cher car ils sont fabriqués avec des matériaux sains et dans de meilleures conditions de travail. Tout cela à un coût. Mais en consommant moins, en réparant et en refusant les achats compulsifs, nous pouvons maintenir un budget raisonnable.

Enfin, surfer tout en respectant l'environnement implique des sacrifices. En refusant les piscines à vagues, en refusant de multiplier les surf trip à l'autre bout du monde.

C'est le prix à payer pour respecter l'écosystème que l'on apprécie tant, et enfin être en accord avec nos principes.


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