Art engagé : quand les artistes prennent position

L'art est un formidable moyen d'expression. Et parfois, au-delà de la recherche du Beau et de l'émerveillement, il peut servir à faire passer des idées, un message ou dénoncer. On appelle cela l'art engagé, et c'est le sujet de cet article.
Dans un premier temps, nous allons définir ce qu'est l'art engagé, puis nous survolerons les principaux types d'arts engagés. Pour se concentrer ensuite sur celui que l'on préfère, l'art engagé pour le climat bien sûr.
Définition et origines de l'art engagé
Le terme d'art engagé est très vaste. Il couvre toutes les formes d'art que sont la musique, la littérature, la peinture et les arts plastiques, le théâtre et tous les arts de la scène, l'architecture, la sculpture et enfin le septième art : le cinéma.
Le terme engagement est également très vaste et peut renvoyer à plusieurs formes très différentes.
L'engagement religieux
Ce n'est pas forcément le type d'engagement auquel on pense le plus quand on parle d'art engagé. Et pourtant, il suffit de mettre le nez dans n'importe quel musée des beaux arts de n'importe quelle ville en Europe pour comprendre que c'est la première forme d'art engagé et sans doute la plus importante en volume et en qualité.
Michel-Ange, Raphaël, Véronèse, Greco, Caravage, Rubens, Rembrandt, Manet et même Dali, la liste des peintres qui furent inspirés par la religion catholique pour créer leurs œuvres est infinie. Et ces œuvres figurent parmi les plus grands tableaux jamais créés. Souvent, des tableaux imposants mesurant plusieurs mètres de haut et qui font leur effet quand on les voit en vrai.
Inspiration personnelle ou commande du Vatican, la quantité d'œuvres religieuses et incroyable jusqu'au 19ème siècle. La séparation de l'église et de l'état (promulguée en France en 1905 sous la IIIème République) entraîne un ralentissement de la production de cette forme d'art.
Peu importe les croyances des uns et des autres, on pourra s'accorder sur le fait que la religion aura sans doute apporté parmi les plus beaux tableaux jamais réalisés toutes périodes confondues et tout style confondus.
L'engagement politique
L'engagement politique dans l'art apparaît très tôt dans l'Histoire. Dès l'Antiquité, il est utilisé comme outil de propagande pour asseoir la puissance des dirigeants grecs et romains. Des sculptures mettant en avant des grandes victoires à la guerre, des musiques célébrant tel ou tel empereur.
Par la suite, tous les dirigeants un tant soit peu dictateurs utiliseront l'art pour renforcer leur aura et construire leur culte de la personnalité. Lénine et Staline sont des exemples particulièrement parlant à ce sujet. Le Père des peuples fut utilisé par les tsars en l'Empire russe puis en URSS pour désigner Staline. On retrouve cette appellation dans plusieurs œuvres de propagande tout au long de son régime dictatorial.
À l'inverse de la propagande, l'art est également utilisé pour contester les régimes en place et participer à des formes de résistance. On peut citer notamment Gargantua d'Honoré Daumier, un artiste engagé contre la monarchie de Louis-Philippe (monarchie de Juillet). Dans cette oeuvre, l'artiste représente Gargantua, un roi énorme qui avale au sens propre les impôts du peuple, l'asservissant et l'affamant pur son propre confort. Le roi est représenté très grand et très gros et ne respire pas l'intelligence. À noter que cette caricature du roi vaudra à Honoré Daumier six mois de prison. Depuis longtemps, l'art engagé peut coûter cher.
Un autre exemple plus connu est celui du Guernica de Picasso. Pour critiquer la guerre d'Espagne et le bombardement de la ville de Guernica par les nationalistes et fascistes en 1937. Ce tableau de Picasso fut commandé par le gouvernement espagnol pour le pavillon espagnol de l'exposition universelle de Paris en 1937. Il fut exposé ensuite dans de nombreux pays et a rapidement acquis une grande renommée. Plus important, il a eu une portée politique internationale en devenant un symbole de la dénonciation de la violence fasciste et franquiste puis de l'horreur en général. Un symbole funeste de ce qui se préparait et allait arriver deux ans plus tard : la seconde guerre mondiale.
L'engagement social
Cette forme d'engagement se rapproche beaucoup de l'engagement politique, si ce n'est qu'elle n'est pas attachée à un pouvoir politique en particulier et qu'elle n'est pas dévoyée par la propagande.
L'art engagé social dénonce des discriminations, des violences dont son souvent victimes des minorités. Le 18ème siècle et l'esprit des Lumières fera émerger cette forme d'art engagé en militant pour une liberté des tous les êtres humains. Beaucoup d'artistes dénonceront ainsi l'esclavagisme et les conditions de vie dans les colonies, fondamentalement contraires à l'universalité.
Au 19ème siècle, l'art engagé mettra également l'accent sur les conditions de travail des ouvriers et des classes laborieuses. La marxisme opposant travail et capital inspirera beaucoup d'artiste en ce sens. À ce titre, on peut citer Jules Adler, qui peignait beaucoup de scènes révolutionnaires dans le mouvement ouvrier. Il était d'ailleurs surnommé le "peintre des humbles" par opposition à l'art classique plutôt dédié aux classes aisées dans l'imaginaire collectif.
Cette tendance de l'art engagé se poursuivra au 20ème siècle et au 21ème siècle. Les combats et les sujets de société abordés évoluent avec leur époque.
Art et écologie
S'il est un sujet préoccupant aujourd'hui, c'est celui de la planète et du réchauffement climatique. En tant qu'entreprise engagée avec Ankore, nous souhaitons participer à notre échelle et sensibiliser un maximum de personnes fait partie des missions qu'on s'est fixé.
Dans le même but, des artistes de plus en plus nombreux créent des œuvres aussi belles que porteuses de sens, pour encourager à la protection de l'environnement. Évidemment, c'est la forme d'engagement qui nous intéresse le plus. Et il y a de quoi faire. Tour d'horizon des artistes engagés pour le climat que l'on préfère chez Ankore.
Lorenzo Quinn, la rock star
Parmi les artistes engagés pour le climat, l'italien Lorenzo Quinn est certainement l'un des plus connus. Parmi ses faits d'armes, une œuvre géante exposée durant l'édition 2017 de la Biennale de Venise. Sur le Grand Canal, la voie fluviale principale de la ville, deux énormes mains de plusieurs mètres sortaient des eaux pour s'agripper sur la façade de l'hôtel Ca' Sagredo.

L'œuvre de Lorenzo Quinn à la Biennale de Venise
Une manière grandiose de parler de la montée des eaux qui met en péril la Cité des Doges. En cause, la montée du niveau de la mer et les immenses paquebots plein de touristes qui naviguent près de Venise et fragilisent les fondations antiques de la ville. D'ailleurs, depuis 2021, les grands navires de croisière affichant plus de 25000 tonnes de jauge brute ne sont plus autorisés à entrer dans le bassin principal, le canal Saint-Marc et le canal Giudecca.
Une interdiction rendue possible grâce à une pression de défenseurs de l'environnement et du patrimoine culturel. Sans cela, l'UNESCO menaçait de retirer Venise de la liste du patrimoine mondial. Une décision qui aurait fait perdre beaucoup de renommée à Venise et qui a entraîné cette décision du gouvernement italien.
Hula, engagé pour l'océan
Hula est un artiste américain vivant à Los Angeles et né à Hawaï. Un lieu paradisiaque qui subit la montée des eaux et qui a donné à Sean Yoro (le vrai nom de l'artiste) son engagement écologique. Surfeur et street artiste, Hula peint des tableaux qu'il expose ensuite dans des lieux orignaux : les océans !
Pour l'une de ses œuvres intitulée Deep Seads (mer profonde) l'artiste a carrément peint directement sous l'eau. Une performance qui vaut le coup d'œil.

L'artiste Hula engagé pour l'océan
Évidemment, les pigments utilisés pour réaliser ses peintures sont inoffensifs pour l'océan et la vie marine. L'ensemble de ses créations tournent autour de la préservation des océans et de la fonte des glaces.
Olafur Eliasson, le pionnier
Originaire d'Islande et habitant au Danemark, Olafur Eliasson est un artiste engagé depuis 20 ans. Sa plus célèbre œuvre est sans doute The Weather Project qu'il a réalisé en 2003. Cette installation gigantesque située à la Tate Gallery de Londres est une œuvre où le spectateur participe. Elle représente un grand soleil qui irradie de lumière tout l'espace environnant, phénomène amplifié par des miroirs aux murs et au plafond et de la brume créée artificiellement.

L'artiste engagé Olafur Eliasson et son œuvre The Weather Project à Londres
En voyant cette œuvre magistrale, les réactions des spectateurs sont très variées. Certains se couchent pour rentrer dans une contemplation onirique, d'autres ne peuvent décoller leurs regards de ce soleil artificiel.
Vous l'aurez sans doute deviné, en créant cette œuvre, l'artiste engagé Olafur Eliasson voulait interpeller sur l'écologie et particulièrement sur le réchauffement climatique.
Banksy, l'énigmatique
Évidemment, on ne pouvait pas passer à côté de la figure de proue du street art et de l'art engagé. Connu dans le monde entier pour ses œuvres éphémères qu'il sème dans toutes les capitales européennes, le britannique Banksy traite de sujets variés comme la guerre, la faim dans le monde et aussi l'écologie.
Personne ne sait à quoi il ressemble, ce qui lui permet de créer ses œuvres plus facilement en extérieur. Son dernier coup de génie : une œuvre qui s'est auto-détruite dès que le coup de marteau du commissaire priseur a résonné dans la salle des enchères.

L'une des œuvres les plus connues de Banksy
Mosstika, la graffeuse en herbe
Mosstika est un collectif d'artistes créé par l'artiste hongroise Edina Todoki. L'artiste est spécialisée dans le street art. Son domaine de prédilection ? Le grass graffiti. Au lieu d'utiliser des bombes de peinture et autres aérosols polluants, on utilise une concoction à base de semences d'herbe et de nutriments. Une fois appliqué sur un mur, le mélange va pousser avec l'aide du soleil et d'un peu de pluie. Une méthode écologique d'expression qui est franchement magnifique. On vous laisse juger vous-même.

Le collectif Mosstika et le street art
On appelle cela l'éco street art. Et c'est génial puisque pour créer de l'art écologique, les artistes utilisent des matériaux naturels et bons pour l'environnement. Une démarche globale qu'on ne peut qu'adorer puisque le message est vertueux dans son ensemble.
Angeles Peña, la photographe nature
Personnellement, on adore la photographie. C'est vraiment l'une des formes d'art qui permet le mieux de voyager mentalement (avec la littérature et la musique). Et dans ce domaine, la photographe argentine Angeles Peña est l'une des plus talentueuse.
Ses paysages sauvages de Patagonie, des glaciers islandais et de l'océan Pacifique sont magnifiques. Des paysages grandioses où la beauté brute de la nature se suffit à elle-même.

L'artiste engagée Angeles Peña
Chris Burkard, le surfeur en eaux froides
On termine cette sélection par notre photographe préféré, tout simplement. Chris Burkard est un photographe américain spécialisé dans les photos de paysages naturels et de surf. Il est notamment connu pour ses photos en zones froides. À ce titre, on vous conseille le film magnifique Under an Arctic Sky de Chris Burkard et Ben Weiland. Un film qui suit un groupe de six surfeurs islandais à la recherche du swell parfait. Même si vous n'êtes pas passionnés de surf, vous devez regarder ce film de 40 minutes rien que pour ses images magnifiques d'aurores boréales. Il est disponible gratuitement en ce moment (janvier 2022) sur le site de la marque Redbull.
Beaucoup d'entre vous le savent, chez Ankore le surf c'est sacré. Une passion qui nous anime depuis longtemps et qui nous a donné l'amour de notre écosystème et la volonté de le protéger. Chris Burkard montre la beauté de la nature et donne envie de la protéger avec ses magnifiques photos. On utilise d'ailleurs certaines de ses photos sur notre page Instagram (en mentionnant Chris Burkard évidemment).

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