Suremballage, emballez ya rien à voir !
Utilisé pour contenir, conserver, stocker, transporter ou même en tant qu'outil marketing à part entière, l'emballage est partout et dans tous les domaines. Vêtements, alimentaire, électronique, jouets, partout on vous dit !
Cette omniprésence de l'emballage, parfois utile, souvent inutile, est beaucoup remise en cause depuis quelque temps, notamment pour son empreinte environnementale catastrophique.
Pour y voir un peu plus clair et mieux comprendre les enjeux, nous allons tenter de retracer l'histoire de ce produit à part entière qui prend de plus en plus de place.
Histoire de l'emballage
Au commencement l'humain était écolo
Pour les nostalgiques des cours d'Histoire Géo, on est allé se renseigner un peu histoire de savoir de quoi on parle. En fait, l'emballage est présent depuis que l'être humain existe. Depuis la Préhistoire, l'homme se déplace et doit emporter avec lui vivres et outils. Il doit donc regrouper, transporter, protéger et conserver. Peaux d'animaux, coquillages, feuilles, tout ce qu'on trouvait dans la nature était bon pour emballer ses possessions. Pas de produits transformés, que du bio !
Pharaons et empire Romain, jusqu'ici tout va bien
Les peaux d'animaux et autres matières végétales primaires n'étant pas adaptées pour emballer tous les objets, l'être humain a créé de nouveaux emballages. Vers 6000 avant J.C. furent inventés les céramiques telles que l'amphore et les paniers réalisés en vannerie. Quand les premiers contenaient les liquides (vins et huiles), les seconds transportaient fruits, légumes et volailles. On attribue ces inventions à l'empire Romain, célèbre pour sa capacité à échanger et commercer avec toutes les peuplades qu'il rencontrait.
Ensuite, vers 1500 avant J.C., les Égyptiens commencèrent à fabriquer des récipients en verre.
Le tonneau en bois quant à lui serait une invention Gauloise. Extrêmement polyvalent, il pouvait transporter tout type de liquide (avouez-le, vous pensez à la cervoise) mais aussi des épices, du poisson, etc.
Le papyrus quant à lui, utilisé pour écrire mais aussi pour transporter diverses choses, fut inventé en Égypte vers 5500 avant J.C. Les égyptiens utilisaient également d’autres fibres comme le jonc, le roseau ou encore le palmier.
Vers 200 avant J.C. fut inventé le papier tel que nous le connaissons aujourd'hui : une mixture de fibres organiques trempées dans l'eau avant d'être pressée et séchée puis étalée en feuilles plus ou moins fines. Le papier obtenu était utilisé pour écrire bien sûr, mais aussi pour emballer le thé et fabriquer des sacs. Oui, oui, vous avez bien lu, les sacs en papier ont été inventés il y a plus de 2000 ans !
Une fois le papier créé, le carton ne fut pas long à émerger. Même procédé avec des feuilles plus épaisses et résistantes, pour transporter et emballer des produits plus lourds et imposants.
Jusqu'au 19ème siècle, seules des matières naturelles étaient utilisées pour fabriquer des emballages. Aucun effet néfaste pour l’environnement. C'est durant la révolution industrielle que les choses changent véritablement.
Révolution industrielle : les choses se gâtent
La révolution industrielle, entre autres choses, voit naître l'invention qui changera l'emballage à jamais : le plastique.
Les matériaux utilisés pour fabriquer le plastique, appelés polymères, existent à l'état naturel. On en retrouve dans la kératine des cornes, de la peau, des griffes et aussi dans le caoutchouc. Dans le cas du plastique, ces éléments sont créés synthétiquement. En 1862, Alexandre Parkes crée le premier plastique 100% synthétique : la Parkesine. Mais le terme plastique fut inventé en 1907 par Leo Baekland, inventeur de la Bakélite, premier plastique entièrement synthétique fabriqué en série.
Et à partir de là, la machine est lancée. On ne reviendra plus jamais en arrière en 150 ans. À partir de ces premiers plastiques furent créés une infinité de dérivés : polychlorure de vinyle (PVC), polystyrène, polyéthylène, etc.
Le problème du plastique c’est qu’il n’est pas biodégradable. Il met des centaines d’années à se dégrader et les résidus restants sont toxiques. Problème : le plastique est créé avec une facilité déconcertante et surtout à faible coût. Bonne nouvelle pour l’homo economicus, beaucoup moins pour l’homo ecologicus.
Un nom, trois applications
On distingue traditionnellement trois types d'emballage :
L'emballage de vente ou emballage primaire
C'est l'emballage qui contient l'article destiné à la vente.
Exemple : la bouteille contenant l'eau minérale ou n'importe quelle autre boisson (qui a parlé de Coca-Cola ?). Bingo, c'est celle que l'on retrouve le plus dans les déchets marins que notre réseau de pêcheurs partenaires récupère en mer Méditerranée et dans l'océan Atlantique. Petite bouteille, grande bouteille, barquette alimentaire, il y en a pour tous les (mauvais) goûts.
L'emballage de conditionnement ou emballage secondaire
C'est l'emballage qui réunit plusieurs articles ensemble.
Exemple : le pack de 6 bouteilles d'eau minérale. Très présent dans l’industrie alimentaire, cet emballage est déjà beaucoup moins utile que le premier selon nous.
L'emballage de transport ou emballage tertiaire
C'est l'emballage qui permet la manutention et le transport des articles.
Exemple : la housse plastique entourant les palettes. Ou les sacs plastiques pour mettre les courses au supermarché (heureusement interdit en France aujourd'hui).
Emballage et suremballage
S’il faut bien reconnaître que l'emballage peut être très utile, c'est surtout le suremballage qu'il faut combattre. On parle de suremballage quand un emballage supplémentaire est créé alors qu'il n'a aucun véritable rôle fonctionnel. Plusieurs exemples de suremballage dans la vie quotidienne : l'emballage carton du tube dentifrice, les multiples emballages des jouets en mode poupée russe, les sachets individuels dans l'alimentation, etc.
Au total, rien que dans le domaine alimentaire, 5 millions de tonnes d'emballages sont jetés en France chaque année. Problématique quand on sait que seuls 20% sont véritablement recyclés. Le reste est brûlé ou enfoui, occasionant pollution et rejets de gazs à effet de serre.
Sur ce total, on est persuadé qu'une bonne partie pourrait tout simplement ne pas être créée. Le recyclage ne devrait être qu’une solution secondaire. Le meilleur déchet étant celui qu'on ne produit pas. À priori simple me direz-vous mais si ça l'était vraiment, pourquoi en est-on arrivé là ?
Et si le domaine alimentaire est le pire en termes d'emballage, le milieu de la mode n'est pas exempt de tout reproche.
L'emballage dans le vêtement et le prêt-à-porter
Le milieu du vêtement n'a pas été épargné par la démocratisation du plastique, loin de là. Emballage primaire, secondaire ou tertiaire, il y en a partout !
Imaginez : dans la fast fashion, chaque vêtement qu'une marque reçoit est emballé individuellement avant d'être mis en rayon ! Difficile d'imaginer vraiment la pollution plastique en résultant quand on voit le nombre d’habits vendus par les grandes enseignes chaque année. Inévitablement, une bonne partie finit d'une manière ou d'une autre dans la nature et dans l'océan, créant un danger énorme pour la faune terrestre et marine qui avale, s'étouffe et s'empêtre avec ces composés plastiques toxiques qui n’auraient jamais dû croiser leur route. H&M, Zara, Nike et compagnie, les tortues marines, oiseaux et poissons vous remercient !
Les alternatives au suremballage
Evidemment, on ne peut pas éviter l’emballage à chaque fois. Mais dans tous les domaines, des alternatives environnementales sont possibles. Le plastique à usage unique doit être banni, en 2021 nous avons les technologies suffisantes pour nous en passer. Si rien n’est fait, il faut considérer que c’est un choix délibéré de privilégier la rentabilité sur l’environnement.
Et quand on voit que la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire fixe à 2040 l’interdiction définitive des plastiques à usage unique en France, on se dit que ça ressemble à un choix délibéré malheureusement. Comme d’habitude, on renvoie les décisions difficiles aux prochains gouvernants, qui feront pareil à leur tour.
Mais on reste optimistes et on croit vraiment à une chose. Les citoyens sont en avance sur leurs gouvernants. Il suffit de voir les propositions résultant de la Convention Climat pour voir que l’opinion a saisi les enjeux, pour nous et les générations futures. Problème : les gouvernants ne s'attendaient pas à tant d’engagement écologique de la part de leur propre peuple. Alors ils reculent et modifient les 149 propositions initiales. Bref, ils reviennent encore sur leur parole.
Mais soyons clairs, malgré toutes ces promesses non tenues, une chose est sûre : ce sont les citoyens qui amèneront le changement par leurs choix de consommation. Dans un monde où l’argent est roi, les décisions seront toujours orientées par ce biais.
À nous tous de consommer autrement pour obliger le monde à changer. C’est aussi simple et compliqué à la fois.
Quoi qu’il en soit, pour vous permettre de faire vos choix en connaissance de cause, on vous a fait un petit tour d’horizon des alternatives disponibles aujourd’hui pour couvrir un maximum de domaines et enfin laisser le plastique à usage unique derrière nous et pas dans l’océan ou sur la plage.
Les emballages compostables et biodégradables
Emballage biodégradable, attention aux détails
Un emballage biodégradable se décompose en éléments naturels sous l’effet de plusieurs facteurs (chaleur, oxygène, humidité) dans un délai plus ou moins long. Problème : sous cette définition large, tous les matériaux sont biodégradables.
Même le plastique basique à base de substances pétrochimiques se décomposera en éléments naturels… dans plusieurs milliers d’années, tout en ayant libéré tout un tas de produits toxiques dans les sols pendant ce temps. Super écolo pas vrai ? C’est pour cela qu’il faut faire attention au greenwashing qui peut facilement venir abuser le consommateur.
Attention tout particulièrement aux emballages dits oxo-dégradables. Ces matières souvent présentées comme écologiques n’en sont pas. On pense même que c’est pire que du plastique “lambda” chez Ankore.
Pourquoi ? Vous allez voir, c’est vicieux :
- Tout d’abord, ces emballages sont composées de plastique issu du pétrole. Rien de différent avec un plastique bien polluant jusque-là ;
- La différence principale c’est qu’ils sont fragmentables en micro-particules microscopiques. Et devinez quoi : malgré toutes les technologies et les esprits brillants qui se penchent sur cette maudite pollution océanique depuis quelque temps (lien de notre article), on galère pas mal à repêcher ces minuscules déchets dans l’océan.
- Enfin, les additifs employés pour rendre ce plastique fragmentable contiennent des métaux lourds et plein de substances toxiques pour l’environnement.
En résumé, vous l’aurez compris, mieux vaut se tirer une balle dans le pied qu’acheter un produit en emballage oxo-dégradable.
Pour être considérés comme écologiques et donc acceptables, les emballages biodégradables doivent se décomposer beaucoup plus rapidement (en mois voire en année et pas en décennies ou en siècles) et les résiduts doivent n’être composés que d’eau, de co2 et de minéraux naturels. Enfin, on conseille d’éviter tout ce qui est biodégradable à tel ou tel pourcentage. Soit c’est biodégradable à 100%, soit ça ne l’est pas.
Emballage compostable, celui qui a la main verte
Un emballage compostable est forcément biodégradable. Mais il est encore plus que ça. Un emballage compostable va se dégrader en un compost riche en minéraux dans un délai de 3 mois. Le compost pourra ensuite servir de fertilisant naturel pour les jardins et vos plantes intérieures.
La différence notable réside donc sur le composé final. Avec l’emballage compostable vous avez un composé final utilisable comme fertilisant. Avec l’emballage biodégradable, le composé final pourra être remis dans la nature mais sans véritable apport pour l’environnement.
En résumé, avantage aux emballages compostables qui cochent toutes les cases, même s’ils sont tous les deux bien plus écologiques que le plastique à usage unique.
On le sait, c’est vraiment compliqué de s’y retrouver pour être sûr d’acheter des produits avec des emballages qui ne soient pas nocifs pour la planète. Heureusement, le gouvernement a compris cette problématique et il a le mérite d’avoir encadré juridiquement les bonnes pratiques.
Le législateur à la rescousse du consommateur (et de l'environnement au passage)
Pour séparer le bon grain de l’ivraie, la réglementation française a imposé des normes claires et précises concernant les caractéristiques des emballages biodégradables et compostables, via la norme EN 13432.
Emballage compostable : il doit se dégrader en compost de bonne qualité (faible concentration en métaux lourd et riche en minéraux) en l’espace de 3 mois.
Emballage biodégradable : doit se dégrader en 6 mois maximum.
Donc dans tous les cas, vérifiez qu’il y a certification si vous voulez vous assurer que l’emballage est écologique et en accord avec la législation française. Vous verrez, c’est rarement le cas.
Le vrac
S’il y a une pratique qui bannit le suremballage, c’est bien le vrac. De plus en plus présent dans l’alimentaire, il commence à arriver ailleurs, dans la cosmétique notamment, et c’est tant mieux !
Alimentaire : jamais sans mon bocal
Ca y est, vous avez décidé de dire adieu aux pâtes, riz, céréales et autres produits vendus depuis trop longtemps dans des packaging à usage unique.
Vous avez fait votre cargaison de bocaux en verre (le top du top). Maintenant il faut trouver les bonnes adresses. Heureusement, de plus en plus de petites boutiques proposent le vrac. Même les grandes surfaces ont senti le vent tourner et ont créé des espaces vrac. Attention quand même au prix. Rappelez-vous, avec le vrac on enlève un élément donc le produit ne doit pas être plus cher. On a repéré certaines enseignes qui pratiquent des prix élevés sans justifications. Être écolo ok, mais on n’est pas des pigeons comme dirait une émission qu’on apprécie beaucoup.
Comme pour tout, regardez un peu les prix au kilo de vos pâtes habituelles Barilla ou Panzani. Les pâtes en vrac ne devraient pas être plus chères (à part si spécificités type certification biologique). On vous dit ça pour ne pas que vous vous retrouviez avec une facture salée qui vous donnerait envie de revenir en arrière. Vous êtes sur la bonne voie, il faut juste trouver les bonnes adresses.
Cosmétique : jamais sans mon bocal aussi (mais pas le même quoi)
Pour le moment limité aux grandes villes comme notre chère Nantes, de plus en plus d’initiatives se créent dans le vrac hors alimentaire.
C’est le cas de Muzzü, un projet qui s’est lancé sur Ulule au même moment que nous en 2020. Le principe : vous venez avec vos bocaux (pas ceux avec les pâtes hein), vous choisissez le shampoing, savon liquide, hydrolat ou lait hydratant que vous voulez et vous remplissez vos contenants. Le prix est au litre, c’est transparent, simple et efficace.
Muzzü propose aussi des contenants consignés que vous pouvez acheter dans leur boutique située rue de Budapest (à côté de la Place Bretagne).
On n’est pas encore allé les voir en personne mais ça ne va pas tarder !
Produits ménagers : la prise de la pastille
Source importante d’emballages, les produits ménagers prennent eux-aussi une coloration écologique de deux manières : moins d’emballage et moins de produits toxiques.
Sur ce marché, l’entreprise Pousse-Pousse (qui a également réalisé une campagne sur Ulule en même temps que nous, le monde est petit) propose une belle gamme.
Etant une boutique en ligne, difficile d’amener vos bocaux cette fois. Ils proposent un pack de démarrage avec les contenants et les produits d’entretien sous forme de pastilles à diluer dans l’eau. Une fois fini, vous pouvez leur racheter les pastilles uniquement. Un gain en termes de prix et d’emballage.
Et bien sûr, les compositions sont plus clean que la majorité des marques traditionnelles. Un plus pour vos belles petites mains déjà asséchées par tout ce gel hydroalcoolique et pour l’environnement.
Ce qu'on vous propose chez Ankore : zéro suremballage
Comme on vous l’a dit plus haut, le monde du vêtement contribue au suremballage. Mais on peut faire autrement. Parce que vous proposer des vêtements éthiques et responsables dans une multitude d’emballages à usage unique n’aurait aucun sens. C’est pourquoi chez Ankore on vous propose les engagements suivants.
Pas d'emballage individuel
Lorsque vous recevrez vos vêtements Ankore, ils ne seront pas emballés dans un sachet plastique individuel. Parce que nous avons demandé à nos ateliers partenaires de ne pas nous livrer avec ces emballages. Pour nos pièces réalisées en France, nous allons chercher nous-même les vêtements. L’occasion de discuter avec les équipes, de parler des prochains projets que nous allons réaliser ensemble.
Au niveau logistique, ça implique d’autres process pour s’assurer que les vêtements sont bien rangés, pliés, etc. C’est sans doute plus de travail mais à la fin on évite une quantité impressionnante de déchets plastiques et c’est le plus important pour nous.
Pour vous, aucune différence, vous recevez un vêtement parfait en tout point, l’emballage plastique en moins. Convaincu par la méthode ? En tout cas on va tout faire pour vous convaincre.
Des boîtes d'expédition en carton recyclé et en matière compostable
On a testé plein de boîtes et autres packaging d’expédition. Et on a choisi deux types d'emballages : du carton recyclé et un nouvel emballage compostable. Aucun emballage plastique.
À la place, on a choisi la valeur sûre.
- Du carton recyclé à 90% minimum (le reste est issu de forêts gérées durablement et certifiées FSC).
- Imprimé avec une encre écologique à base d’eau.
- Biodégradable et compostable (si vous avez suivi les explications vous savez que c’est le top du top).
- Réalisé en Union européenne (très rare dans le monde du packaging).
Honnêtement, on est assez fiers de nous sur cette partie packaging parce que c’est compliqué de trouver une alternative à la fois solide, élégante et écologique.
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