B Corp

C'est quoi la certification B Corp ?

Le label B-Corp (pour Benefit Corporation) fut créé en 2006 aux Etats-Unis. Il certifie des entreprises avec un impact positif sur la société et sur l'environnement. Aujourd'hui, plus de 3 400 entreprises sont certifiées B-Corp dans plus de 70 pays et 150 domaines d'activité différents.

On entend de plus en plus parler de B Corp depuis quelques années, alors on a voulu en savoir un peu plus sur ce label. Dans cet article, on va analyser les méthodes de sélection mises en place par cet organisme pour tenter de comprendre comment ça fonctionne et vous donner un avis éclairé sur le fameux B Corp.

B Corp : une certification qui a le vent en poupe

Depuis sa création en 2006, le label B Corp a certifié plus de 3400 entreprises réparties dans 70 pays et sur 150 domaines d'activité différents.

En France, plus de 100 entreprises sont membres de la communauté B Corp. Pour rassembler tous ces membres francophones, une association Loi 1901 a été créée en 2019, "B Lab France". Le but ? Faire vivre et fédérer la communauté d'entrepreneurs engagés, partager les bonnes pratiques et faire connaître le label à davantage d'entreprises et de citoyens.

B Corp se veut indépendant. Aucun rattachement à d'autres entreprises ou à des États, le label est entièrement autofinancé par les frais d'adhésion, qui vont de 1000 à 50000 euros en fonction du chiffre d'affaires de la société labelisée.

B Corp se veut également transparent. Les scores et les modalités d'évaluations sont mentionnées sur leur site. Les entreprises peuvent ainsi se préparer et voir si leur méthode et leur politique RSE sont éligibles.

Comment obtenir la certification B Corp ?

Pour devenir une entreprises labelisée B Corp, il faut suivre tout un processus. La procédure de certification commence par un questionnaire accessible sur leur site internet. Au total, 300 questions réparties en 5 grands thèmes :

  • gouvernance de l'entreprise
  • conditions de travail des salariés
  • collectivités
  • environnement
  • clients

Seules les entreprises ayant une note d'au moins 80/200 sont éligibles à la certification B Corp. Pour les autres, il faudra améliorer certains points avant de retenter. D'après les chiffres fournis par B Corp, plus de 100 000 entreprises ont déjà répondu à ce questionnaire, la note moyenne étant de 50/200.

Les entreprises ayant atteint le score demandé doivent ensuite fournir tous les documents attestant de leur réponses à l'organisme B Lab qui gère les admissions. Et enfin, elles doivent payer les frais d'adhésion annuels.

Tous les 3 ans, les entreprises labelisées doivent recommencer la procédure et se soumettre à nouveau au questionnaire pour vérifier qu'elles remplissent toujours les critères pour être éligibles au label B Corp.

B Corp et greenwashing

Si les premières entreprises labellisées étaient connues pour leurs engagements (Patagonia notamment), certains nouveaux lauréats peuvent interroger.

Et en même temps, quand on voit qu'il suffit d'obtenir 80/200 pour être éligible, ça revient à une note de 8/20. Avec des notes pareilles, on n'aurait pas eu le bac.

Par exemple, la marque de luxe Chloé fait partie des derniers lauréats. C'est la première marque de luxe à faire son entrée chez B Corp, et sûrement pas la dernière. Mais quand on voit certains lieux de fabrication de la marque, dont un certain nombre en Asie (sachant que c'est une marque française et que les prix de vente laisserait toute latitude à du made in France), on peut s'interroger quant aux motivations écoresponsables de l'enseigne.

Et c'est bien le problème : comment assurer la croissance de ce genre de labels sans renier ses valeurs ? Aujourd'hui, montrer ses engagements fait vendre et beaucoup d'entreprises le savent, y compris celles qui polluent. Le greenwashing n'est jamais très loin.

On peut également citer plusieurs filiales du groupe Danone qui sont certifiées B Corp. Le groupe Danone a régulièrement fait les gros titres pour des pratiques mensongères et clairement greenwashing. Alors c'est assez troublant de voir ce groupe, en contradiction assez flagrante avec les valeurs défendues par le label, dans les lauréats B Corp.

Mais les frais d'adhésion étant proportionnelles au chiffre d'affaires, on comprend bien les intérêts à accepter ce genre de groupe dans les lauréats.

L'organisme B Lab est entièrement dépendant des frais d'adhésion de ses membres. Ce qui lui assure en théorie son indépendance est également ce qui la fragilise dans l'objectivité de ses notations et adhésions.

Notre avis sur B Corp : à prendre avec des pincettes

Si le postulat de base est intéressant (promouvoir et créer de l'entraide entre entreprises engagées), il semble que la certification B Corp s'égare et perde ses valeurs originelles.

Comment accepter de figurer à côté de Danone et de marques de luxe favorisant le consumérisme quand on est réellement une entreprise engagée ?

C'est inacceptable, car ça décrédibilise automatiquement les valeurs prônées.

«Pour une marque de vêtement écoresponsable comme la nôtre, ça revient à être vendu dans un magasin à côté de Nike.»

Selon nous, il vaut mieux se fier à une marque fabricant ses produits en France ou en Europe mais qui n'est pas certifiée B Corp, qu'à une marque fabricant à l'autre bout du monde mais avec la fameuse certification acquise contre quelques milliers d'euros.

Les entreprises les plus susceptibles de payer ces frais d'adhésion élevés sont celles réalisant des chiffres d'affaires très importants. Pas les plus vertueuses à priori.

Les législations française et européenne, que ça soit en terme de conditions de travail ou de respect environnemental, sont les plus contraignantes et vertueuses au monde. Même si ce n'est pas toujours suffisant, c'est sans commune mesure avec le reste de la planète. Une entreprise fabricant en France ou sur le territoire européen, c'est l'assurance pour le consommateur de produits fabriqués dans les meilleurs conditions, peu importe les labels.

Laisser le secteur privé se charger d'une certification internationale sans tutelle gouvernementale implique trop d'incertitudes pour s'y fier. L'argent est roi et le greenwashing jamais très loin.

Vous l'aurez compris, on est pas très friands de ce genre de label chez Ankore.


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